L’ÉPIDÉMIE MONDIALE DE SURPOIDS ET D’OBÉSITÉ.

D’après un rapport de 2010 de l’OCDE sur l’obésité et l’économie de la prévention (“Obesity and the Economics of Prevention: Fit not Fat”), 50 % au moins de la population adulte serait aujourd’hui en surpoids (selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, c’est-à-dire qu’elle affiche un indice de masse corporelle, ou IMC, de 25 kg/m² ou davantage) dans plus de la moitié des 34 pays de l’OCDE, et 500 millions de personnes dans le monde – 10 % de l’humanité ! –serait obèse (IMC égal ou supérieur à 30 kg/m²).

Deux fois plus d’obèses aujourd’hui qu’en 1980

La prévalence de l’obésité à l’échelle planétaire a doublé voire triplé depuis 1980. Et même si la mise à jour du rapport de l’OCDE, publiée trois ans plus tard, indique un net ralentissement de la progression de l’épidémie dans de nombreux pays, parmi lesquels la Corée, la Suisse, l’Italie, la Hongrie et l’Angleterre, les projections de l’OCDE suggèrent que dans certaines régions, plus de deux humains sur trois seront en surpoids ou obèses d’ici à 2020. Les statistiques de l’OMS montrent également que la prévalence du surpoids (obésité incluse) varie de un à dix suivant les pays, avec un minimum de 7 % en Asie jusqu’à plus de 80 % aux États-Unis. Un quart de la population chinoise est en surpoids, 90 millions de Chinois sont obèses, des chiffres en hausse de 156 % entre 1996 et 2006. En Australie, en Argentine, au Canada, au Chili, en Égypte, en Finlande, en Allemagne, au Mexique, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, en Uruguay ou au Venezuela, plus de 65 % des habitants sont en surpoids… tout comme plus de 65 % de la population féminine de l’Afrique du Sud, de la Turquie ou du Belarus.

La progression du surpoids et de l’obésité parmi les enfants de 5 à 17 ans se révèle encore plus préoccupante puisque, d’après l’Association Internationale d’étude de l’obésité (International Association for the Study of Obesity), 20 % d’entre eux souffriraient d’un excédent pondéral. En Grèce, aux États-Unis et en Italie, cela concernerait près du tiers des enfants.

Sous-nutrition et obésité sous le même toit : un paradoxe moderne

Pour la première fois dans l’histoire écrite et probablement pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les trop gros sont plus nombreux que les affamés : 1,6 milliard d’adultes en surpoids (dont 500 millions cliniquement obèses) contre « seulement » un milliard de mal nourris. Le surpoids et l’obésité seraient en outre désormais responsables de davantage de décès que la faim, et 65 % de la population mondiale vit dans des pays où l’excédent de poids tue plus que la malnutrition (c’est le cas dans tous les pays à haut revenu et revenu moyen). En conséquence, beaucoup de ces pays sont aujourd’hui soumis à une « double peine » : tout en continuant à lutter contre la faim et la sous-nutrition et en s’efforçant de contrôler les décès dus aux maladies infectieuses, ils doivent aussi gérer un essor de l’obésité et du surpoids, en particulier au sein des populations urbaines. Le manque de nourriture et l’obésité peuvent donc se côtoyer au sein d’un même pays, d’une même communauté voire parfois d’une même maisonnée.

Un lourd facteur de risque de décès évitable

Aux États-Unis, où l’on estime qu’elle fait 200 000 victimes par an, l’obésité se classe au deuxième rang des causes de décès évitables après le tabac. Selon l’OMS, l’obésité serait responsable d’un million de décès annuels en Europe et à l’échelle mondiale le surpoids et l’obésité représentent la cinquième cause de mort prématurée. Au moins 2,8 millions d’adultes décèdent chaque année des conséquences de leur surpoids ou de leur obésité et les personnes souffrant d’obésité sévère meurent entre 8 et 10 ans plus tôt que leurs contemporains de corpulence normale (une perte d’espérance de vie comparable à celle des fumeurs). Un IMC élevé constitue donc un facteur de risque majeur de développer des maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires (notamment les accidents cardiaques et ischémiques, qui sont les deux principales causes de décès), le diabète, les troubles musculo-squelettaires (en particulier l’ostéoarthrite, une maladie dégénérative des articulations) et certains cancers (de l’endomètre, du sein et du côlon).

S’agissant de l’obésité infantile, celle-ci est associée à un risque accru d’obésité, de mort prématurée et de handicap à l’âge adulte. Les enfants obèses souffrent aussi de troubles respiratoires, ainsi que d’un risque accru de fractures, d’hypertension, de troubles cardiovasculaires précoces, d’insulino-résistance, sans parler des problèmes psychologiques.

Le rapport de l’OCDE indique que la mise en place de stratégies préventives globales de l’obésité pourrait contribuer à sauver plus de 155 000 vies par an dans certains pays et aussi permettre de substantielles économies puisque l’obésité représente déjà entre 1 % et 3 % des dépenses de santé de la plupart des États (et 5 à 10 % aux États-Unis) et que ce coût devrait s’accroître dans les années à venir à mesure que les affections liées à l’obésité apparaîtront.

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