
Flore bactérienne intestinale
Toute prise en charge thérapeutique doit tenir compte de ce véritable organe qu’est la flore bactérienne intestinale.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous hébergeons plus de bactéries que nous ne possédons de cellules. Notre tube digestif accueille 100 000 milliards de bactéries sans compter les virus et les bactériophages. Cela représente 2 kilos de bactéries ! Pour mémoire, nous avons 10 000 milliards de cellules dans la totalité de notre corps. Cela pose une question philosophique : on peut raisonnablement se demander qui est « l’Alien » de l’autre ?
Cette flore est constituée de plus de 1 000 espèces différentes de bactéries. La flore présente dans l’intestin-grêle n’est pas la même que celle du gros intestin, le côlon.
La flore de l’intestin-grêle sécrète pour nous des vitamines et digère les sucres et les graisses. Imaginez un long tuyau de 6 mètres replié et enroulé avec une espèce bactérienne différente tous les centimètres. Chacune de ces espèces travaille pour vous.
La flore du colon est différente et joue un autre rôle : elle aide notre corps à réabsorber les aliments qui n’ont pas été captés par l’intestin-grêle. Pour cela, elle fermente les aliments grâce à des bactéries spécialisées.
Les pouvoirs de votre intestin ne se limitent pas à la digestion. Un chiffre assez incroyable peut vous laisser imaginer l’ampleur de son rôle : 85 % de la sérotonine (hormone du plaisir de vivre) est sécrétée par la flore contenue dans votre intestin. Cette sérotonine est destinée au cerveau. La flore sécrète donc votre premier traitement anti-dépresseur et il est probable que la dépression sera traitée dans quelques années par des fibres spécifiques à destination de certains germes.
D’où nous vient notre flore bactérienne intestinale ?
Nous héritons de notre flore intestinale à la naissance. La maman la transmet au bébé en accouchant. Lorsque le bébé passe le détroit inférieur du bassin de la mère, il est en contact avec la flore maternelle qui commence à coloniser son intestin. C’est un héritage précieux, qui nous vient en droite ligne de nos aïeux et de leurs aïeux.
Un enfant né par césarienne sort de clinique avec la flore du personnel soignant qui l’a manipulé. De retour à la maison et avec les contacts répétés avec ses parents, sa fratrie et les germes du foyer, il retrouvera la flore familiale. Si tel n’est pas le cas, il pourrait à terme développer des troubles digestifs qui peuvent dans certains cas devenir très invalidants comme la maladie de Crohn (maladie inflammatoire chronique intestinale).
Les bactéries étaient présentes avant nous sur la Terre. Nous avons passé un contrat de « symbiose » avec elles : nous les hébergeons, nous les protégeons, nous les nourrissons. En échange, elles fabriquent des vitamines et des hormones, nous aident à digérer, nous aident à nous protéger des germes agressifs tueurs.
La flore bactérienne intestinale fait partie des biens précieux de la famille et je dis souvent à mes patients qu’ils doivent la respecter.
Que se passe-t-il si la flore n’est pas bien nourrie ?
Mal se nourrir, c’est mal nourrir sa flore. Ce n’est pas sans conséquence, car cette dernière amplifie toutes les déviances alimentaires.
Un régime trop riche en graisses saturées modifie l’écologie bactérienne. Il perturbe la relation symbiotique de notre corps avec les micro-organismes qui peuplent nos voies digestives. Les germes vont augmenter l‘inflammation (ensemble de réactions générées par l’organisme en réponse à une agression subie) qui va se développer et être véhiculée jusqu’au cerveau. L’inflammation ne vous rappelle rien ? C’est le facteur déclenchant et promoteur du diabète de type 2.
Une expérience passionnante :
Lors d’une étude sur des souris diabétiques, les chercheurs ont transplanté la flore bactérienne intestinale des souris diabétiques à des souris non diabétiques. Après quelques jours, les souris non diabétiques sont également devenues diabétiques sans avoir modifié leur régime alimentaire. Il y a donc bien une flore « diabétique ».
La même expérience a été pratiquée avec les souris obèses et a donné les mêmes résultats.
De nombreuses équipes explorent la piste des transplantations fécales pour faire perdre du poids à des patients obèses. C’est une piste qui a un très grand avenir à la fois pour l’obésité mais aussi pour le diabète de type 2. Cependant, tous les traitements seront à terme inefficaces si le patient ne change pas son comportement alimentaire et revient à ses mauvaises habitudes.
C’est pour toutes ces raisons que toute méthode de perte de poids doit respecter votre flore bactérienne intestinale sans laquelle vous ne pourriez pas survivre.
Das le cadre de la prise en charge que je préconise, je fais en sorte de respecter ces 2 organes si importants que sont la flore bactérienne intestinale et bien évidemment le foie.